L'AUBERGE MÉDIÉVALE
À
l’aventure compagnon, c’est à l’auberge que nous partons !
Ce soir, ce
n’est pas dans un donjon, ni dans une forêt maudite ni une grotte
humide là où nous allons. Il s’agit juste d’une auberge
médiévale ! Vraiment, cela vous étonne ? Et pourtant
c’est souvent dans ce genre d’établissement que commence une
aventure. Si vous ne réparez pas des chaises en bois, traversez les
forêts, les ponts et venez connaître votre destin. Même si vous
n’avez que dix sous en poche, mon ancêtre Gurdil, tavernier de
profession, vous offrira bien une bière du donjon et nous écouterons
ensemble la complainte de la serveuse… Allez, marche barbare… Et
Guerrier, Chevalier, Artiste, Moine et Marchands amenez ce boulet
même pas Mage avec vous ! Enfin massacrons-nous dans la
taverne !
CASTING
Magicia LUMINORIS
(Magicienne en herbes)
Dans cette
auberge où l’on s’est rencontré, des soldats j’ai bousculés.
J’aurai dû le prévoir. Si j’avais su ce sortilège ça n’aurait
jamais du arriver. Pour votre désespoir je l’avais malheureusement
oublié. Si j’avais eu mon parchemin taché de vin, j’aurai bien
pu le deviner. Y en a bien quatre qui voulaient me frapper. C’est
mon chat noir qu’ils ont piétiné. Alors que je voulais
m’échapper, c’est dans la cave qu’ils m’ont retrouvée.
Mettant de quelques pas reculée, une boule de feu je leur ai lancée.
Mais d’aussi prés je les ai ratés. Si j’avais eu ce vieux
grimoire j’aurai sans doute mieux visé. S’ils n’avaient pas
pris ma baguette, celle qu’ils ont mise en miette, je les aurais
tous brûlés. Mais ceux sont les tonneaux d’alcool qui ont flambé,
mettant le feu à la toute la maisonnée. C’est bien dommage que
pour vous je fusse mage. Car c’est cette auberge que j’ai ruinée.
Père Gabriel ANGELUS
(moine)
Vos sandales
aux pieds et encapuchonné sous votre bure en laine, la route est
longue jusqu’à St Jacques de Compostelle. Mais la prière
quotidienne est votre sacerdoce. Elle a le mérite de vous aider à
avancer et de supporter les douleurs de vos pieds en sang. Vos
talents d’herboristes soignent vos blessures physiques tout autant
que la viande séchée rassasiasse votre ventre et votre gourdasse
réconforte votre cœur d’hypocras. Toutefois, vos rations se
raréfient quand la chaleur d’un foyer vous redonne confiance en
votre bonne étoile du berger. Que les saints soient exaucés. Si
Dieu vous a démuni de vos biens existentiels, il a certainement
rempli de bonté le cœur de l’aubergiste ou celui d’un des
clients pour vous offrir le gîte et le couvert. Vos vœux de
pauvreté et d’abstinence à la tentation ne vous priveront pas
d’un peu de chaleur après tant de nuits glaciales et des journées
froides. Et si quelque malade vous demande quelques soins ou
bénédictions, vous serez heureux de leur venir en aide
gracieusement au nom d’un Dieu bienveillant et généreux. Et pour
les gens mauvais vous savez comment les aider à trépasser pour une
vie meilleure. Amen !
Saturnin (représentant
en vin)
Loin de chez vous, votre
parlé et la danse de vos mains habiles font de vous une attraction
pour les passants comme pour vos clients. En effet vous vantez les
bienfaits de votre vin romain. Selon vous, l'hypocras soignerait tous
les maux et épargnerait le monde de guerre si tous nous en
partagions ensemble le breuvage. Les épices rares et chères
associées au sucre du miel le rendent doux au palais et suave dans
la gorge. Bien que délicat il se boit à volonté toute la journée
et accompagne tous les mets. Grâce aux épices il permet une
meilleur digestion et qui dit bon plat dit bon œil. Votre vin est
sans égal avec ce breuvage colorée à la pisse venue du nord. Même
le fils de l'Homme le sanctifia en son sang.
DLUL
(chevalier du temple)
Paladin
de Dlul (Dieu du sommeil et de
l’ennui), vous effectuez des prières pour votre Dieu tout en
dormant et en parlant d’une voix soporifique. Vous ne rejoignez une
équipée que pour protéger votre couche et gagner de l’argent. En
effet, vous rêvez d’acheter une puissante relique : le
Polochon mystique. Comme Dlul bénit le repos du guerrier, vous
possédez le sablier du sommeil afin d’endormir vos cibles. Vous ne
vous servez donc pas de vos armes au combat. Aux campements et aux
auberges vous aimez vous entourer d’oreilles captives et
compatissantes qui apprécient d’entendre le ronflement de vos
milles mésaventures jusqu’au bout de la nuit.
VANDERBEURK
(négociant en cervoise et hydromel)
Ventripotent et affable
vous aimez manger et boire à foison. Nul doute que vos rousseurs et
vos blondeurs rappellent l'or du cidre, de la cervoise, de l'hydromel ou encore de la niôle. Que ce fussent poires, pommes,
houblon et orge, des fruits et des céréales, vous n'en vendez que
le jus acide et sucré de miel. Des plus doux au plus fort des
alcools, vous vantez leurs bienfaits. Car boire et pisser fait de
l'homme un guerrier à la bataille comme dans les champs. Et quelle
femme ne saurait résister à un homme ivre de passion. Le panel de
vos alcools supplante de loin cette boisson à la couleur du sang et
sentant les pieds puants de ceux qui l'ont pressé. Et les épices ne
sont là que pour en masquer le mauvais goût. La bière du donjon,
c'est nous qui la brassâmes. La bière du donjon, c'est nous qui la
vendons. La bière du donjon c'est vous qui la buvez. La bière du
donjon, c'est vous qui la pissez. La bière du donjon c'est nous qui
la rotâmes. La bière du donjon, c'est nous qui la gerbons.
Connard LE BARBAN
(barbare)
Recouvert que d'une peau,
vous sentez la bête. Et si votre ventre cri famine comme votre
bourse est vide, vous grognez plus que vous ne parlez. Dans une hutte
vous avez grandi. Pour vous rendre fort et hardi, enfant vous preniez
des gnons. L'acier tranchant c'est votre vie, Oui, vous aimez les
bastons. Si dans vos veines coule la bière du donjon, il vous faut
toujours du pognon. Vous n'êtes pas brave, valeureux et charmant
comme les pieux templiers et les preux chevaliers. En effet, rares
sont ceux de ces armurés qui vivent assez longtemps pour entendre
chanter leur chanson. Si quelques uns vous croient bête, vous saurez
prendre leur or et leur couper la tête. Même devant ces
fantaisistes mages ou sorciers, vous ne vous cassez pas la tête pour
monter à l'assaut. Par le fer des haches de bataille, vous tailler
leur chair et broyer leurs os. Ainsi vous marchez dans les entrailles
de ceux qui vous ont traité de conard et de barbare.
Juste LEFER
(routier mercenaire)
Je viens
d’un tout petit village si pourri qu’il n’a pas de nom. J’avais
à peine labouré deux heures que j’entendis les tambours de
guerre. De chaque côté du champ deux armées épées et boucliers
levés commençaient les hostilités. Au milieu des terres et de mes
cochons, j’étais dans la mêlée.
Couvert de
lisiers, de sang et d’entrailles, sentant la mort, seul survivant,
dignement je me suis relevé. Ma ferme en cendre, j’étais ruiné.
Mais après la bataille j’ai trouvé ce brogne troué et cette arme
rouillée. Ainsi je suis parti bien décidé de devenir un grand
routier…
Diabolo CANTORE
(troubadour, jongleur)
Ménestrel,
vous êtes un musicien très – voire trop – poétique, récitant
vers sur vers et accessoirement le souffre-douleur de quelques
barbares et soldats. Vous savez danser, jongler, jouer des
instruments à corde et à percussions. Grimper aux arbres et flatter
vos interlocuteurs vous a sauvé la vie plus d’une fois. Avec vous
le spectacle est garanti. Et vous savez vous payer quelque soit le
prix.
Virginia
KRYSTAL (courtisane ensorceleuse)
La jambe
légère, le décolleté profond, je suis une damoiselle au sourire
éclatant. On peut me parler bagatelle sans que je m’échappe en
hurlant. Mes grands yeux et mes cheveux longs ont tout pour charmer
le manant. Je saurai être une courtisane ensorceleuse et chantant,
mais sans client, je paie ma couche en tant que serveuse à la
taverne du cochon. Ne me sont épargné aucun tourment de la part de
tous ces poch'trons. Quand le dernier poivrot s’est endormi et que
d’autres poussent leur ronflons, je ramasse les cruches et les
litrons, balaie les restes de la nuit.
Ivre de
fatigue bien plus que de bière, dans ma chambrette sous les toits,
je m’étale sur ma couche solitaire après avoir chassé les rats.
Et dans mes rêves je suis une princesse qui n’astique aucun
jouvenceau. Le fils d’un roi me fait promesse de m’offrir son nom
et son château. J’oublie un temps ma vie de rien, les cruches à
bière et le graillon. Un jour, c’est sûr un noble châtelain
m’emmènera à son donjon.
Alors
pourquoi ne suis-je pas princesse couverte d’or et de bijoux ?
Alors pourquoi ne suis-je pas duchesse avec des sujets à genoux ?
Pourquoi ne suis-je pas Comtesse avec mille chevaliers à mes pieds ?
Si un jour on m’admire comme il me sied, je ne serai plus celle que
chaque soir l’on fesse.
Quand
bientôt l’aube point à l’Horizon, au clocher répond mon
oraison. Je me lève sur mes deux pieds et descend allumer la
cheminée. A quatre pattes sur le plancher, alors que je suis à la
corvée, vient me prendre par-derrière le pervers et lubrique
patron.
C’est
ainsi que commence sur les genoux une nouvelle journée à l’auberge
du cochon. J’aurai dû le prédire par les cartes ou le voir dans
ma boule de cristal. Si l’avenir jamais ne se dévoile pour soi,
les lignes de la main je vous lirai ce soir.